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24 mars 2024 7 24 /03 /mars /2024 11:31
Vénézuela la Gran Sabana photo Geodyssey. On y vivait loin de tout

Vénézuela la Gran Sabana photo Geodyssey. On y vivait loin de tout

Quand tout le bétail était enfin parqué dans un enclos fermé c'était l'heure du bain avec nos montures du jour dans les lacs qui avaient été creusés avec le bulldozer Caterpilar D9 au plus bas des bassins versants. Ces grands abreuvoirs étaient des lieux de vie très fréquentés par la faune sauvage et les caïmans y régnaient en maître.

Depositphotos/chevaux

Depositphotos/chevaux

Nous devions prendre garde de ne pas circuler entre le nid de ses reptiles sur les berges et le bord de l'eau car la femelle nous attaquait. Plus que ses mâchoires c'est un coup de queue en faisant volte face qui était à craindre, il pouvait briser un tibia. Mais nos chevaux comme nous profitions bien de ces moments de fraîcheur après les sueurs des cavalcades quotidiennes.

Le grand rassemblement d'un millier de tête pour les vaccinations obligatoires étaient  toujours des journées épuisantes car il fallait faire passer chaque bête dans un couloir où elles n'avaient pas envie de rentrer; les coups de fouets et de piques ne suffisaient pas parfois  et on devait  les tirer au lasso jusqu'à l'intérieur.

Le marquage au fer rouge des jeunes bovins était aussi un travail pénible. On rassemblait une trentaine de veaux de différentes tailles selon leur age qui avaient été ramenés avec leurs mères des expéditions de capture des espaces sans surveillance dans un parc circulaire proche des hangars.  Un ou deux hommes se plaçaient au milieu. Les veaux tournaient autour et on les attrapaient au lasso.

Dés qu'un était pris et immobilisé on lui attachait les pattes pour le faire tomber. Un fois au sol, celui qui portait le fer brûlant lui posait sur la cuisse quelques secondes avant de le relâcher. Cette marque sur le cuir brûlé était indélébile et garantissait qu'il avait un propriétaire à vie.

Tous les soirs dans l'enclos du bétail âgé on sélectionnait une vieille vache pour la conduire au poteau où elle passerait la nuit. Le matin suivant le tueur venait ; d'un coup de merlin sur le crane il tuait l'animal qui tombait sur le sol pour y être saigné et dépecè. Le cuir était détaché au couteau, les entrailles vidées et avec  hache et machette des morceaux de viande étaient découpés pour être suspendus au branche d'un arbre en attendant le client. Le personnel du "Hato" pouvait l'acheter à un bolivar le kilo.

Ce marché se terminait par la découpe à même le sol de la peau fixées solidement aux quatre extrémités par un piquet. Le boucher se mettait au milieu et avec son couteau bien aiguisé faisait une entaille au centre. Il commençait à tracer une spirale d'un centimètre de largueur en cercles régulier jusqu'au bord du cuir. Il soulevait cette découpe une fois terminée par une extrémité et déployait le ruban sur toute sa longueur puis par le milieu les deux parties se collaient par torsion. Restait plus qu'à les tendres par chaque bout pour faire un lasso une fois sec.

Le nettoyage final de cette boucherie se terminait par des bandes de vautours qui se battaient pour avoir les restes abandonnés de la vielle vache.

 

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23 mars 2024 6 23 /03 /mars /2024 17:55

Maintenant au calme et dans l'inaction forcée, retour sur le passé

Mes reportages photo publiés quand j'étais journaliste à Paris

Mes reportages photo publiés quand j'étais journaliste à Paris

Avoir été admis comme photographe d'une agence de presse  parisienne prestigieuse suite à mes reportages en Amérique du Sud et les tirages papier que j'avais effectué au  laboratoire du nouveau Centre Culturel d'Agen avec l'autorisation du directeur n'était que la porte d'entrée d'un métier très exigeant sur la qualité du travail à réaliser souvent dans un environnement difficile. Le reportage de guerre était la spécialité de la maison.

Il comprenait beaucoup de risques bien connu dans ce contexte mais surtout pour moi une absence de moyens financiers qui n'étaient couvert qu'en partie par l'agence. Si le tribunal miltitaire qui m'avait jugé pour insoumission et libéré avec une condamnation de six mois de prison avec sursis me permettait d'aller où je voulais, je n'avais pas la possibilité de payer des transports terrestres ou aérien pour aller sur place faire des photos d'actualité.

J'essayais de vendre directement des articles, texte et photos, à des journaux ou magazines pour éviter les commissions retenues par l'agence; malgré quelques publications qui demandaient beaucoup de temps de prospection je n'avais pas suffisament de finance pour me nourrir et me loger. Ces visites dans des maisons de presse m'ont fait connaître des journalistes et reporters qui appréciaient mon travail .

L'un d'eux m'a invité à partager son appartement dans le seizième, au bord de la Seine  et j'ai commencé à mieux connaître la vie parisienne des grands bourgeois de la capitale. Je fréquentais les restaurants et autres lieux à la mode . Une amie m'a présenté au cours d'un diner le dernier consul du Brésil à Saïgon. Nous avons sympathisé et nous nous sommes revus à plusieurs occasions. J'ai compris que son poste de diplomate au Vietnam l'avait mis en contact avec le Vietcong.

Il était farouchement anti américain, révolutionnaire, et la lutte de l'IRA contre l'empire britannique l’intéressait particulièrement, moi aussi mais pas pour les mêmes raisons. Dans les rédactions que je fréquentais, les bars de journalistes de la rue Réaumur, l'Irlande et Belfast étaient dans toutes les conversations; il allait s'y passer quelque chose de grave.

J'avais retrouvé mon ami brésilien comme à l'accoutumé à la terrasse d'un café de Beau bourg . Lui aussi était convaincu qu'un événement majeur allait commotionner la capitale de l'Irlande du Nord. Fallait y aller au plus vite pour couvrir cette actualité en tant que reporter d'agence et lui comme fixeur accompagnateur. On était bien d'accord.

Cependant il me manquait le nerf de la guerre, sans argent pas moyen de partir. Il m'a dit " tu restes là jusqu'à mon retour, tu ne bouges pas" et il m'a quitté. Deux heures plus tard il est revenu et m'a mis un paquet de billets sur la table. " Trois mille francs ça ira?",  sans les compter je les ai mis dans la poche du jean . Nous avons pris le train pour Dunkerque avec un sac de voyage et mon Nikon.

Le lendemain nous arrivions à Belfast et pris une chambre dans l'hôtel International qui était un camp retranché contrôlé par des militaires. Ils fouillaient à l'entrée tous les bagages et j'ai présenté ma carte de presse. Plus tard je suis allé au camp des forces spéciales qui surveillait la ville pour me présenter au commandant; pas de problèmes, je pouvais photographier où je voulais. Il m'a quand même mis en garde sur la dangerosité des terroristes de l'Armée Révolutionnaire Irlandaise.

  Tout était calme autant dans l'hôtel qu'à l'extérieur. Lui est allé au bar et moi après le repas je suis sorti en ville avec mon appareil photo et ma quena.  J' ai marché vers le quartier catholique et comme j'avais l'habitude dans les Andes j'ai joué de la flûte. Mon concert qui résonnait dans le silence nocturne n'a pas duré longtemps.

Soudain devant moi un puissant phare m'aveuglait et j'ai voulu faire demi tour, sauf qu' un autre véhicule me fonçait  dessus dans l'autre sens. J'ai vu des soldats en sortir, mettre un genoux en terre, fusil mitrailleur à l'épaule et crié "lay down" couches toi. Dans mon dos une main m'a poussé et je me suis allongé sur le ventre.

J'ai du écarter les jambes et étendre les bras. Quand l'officier a voulu prendre l'appareil photo que j'avais en main je l'ai retenu en serrant les doigts et dit "press reporter". Il a marqué un temps d'arrêt et j'ai pu dire le nom du commandant que j'avais vu au camp. Une conversation s'est engagée et je me suis excusé de n'avoir pas respecté le couvre feu. Une fois debout je les ai salué avec de nombreux "sorry" et suis rentré en silence à l'hôtel.

Le lendemain matin en milieu de matinée tous le centre de Belfast explosait . De nombreuses bombes projetaient dans le ciel gris des panaches de fumées et c'est vers eux que je courrais pour photographier ce qui restera dans l'histoire de l'Irlande comme le "bloody friday".  J'avais réussi à faire mon premier reportage de guerre et fallait ramener au plus vite le négatif à Paris.

Le premier avion partait le lendemain. Samedi matin personne à Gamma et c'est à Paris Match que j'ai laissé la pellicule qui est parti au labo. Revenu dans l’après midi le journaliste de permanence à la rédaction m'a donné un reçu de dépôt en me garantissant la qualité du reportage qui allait être publié et payé dés lundi. 

 

 

Les journaux du Dimanche n'ont pas publiés en premiére page les explosions des bombes à Belfast et les radios n'ont pas fait de commentaires sur les victimes des attentats dans le centre ville. Dés le lundi j'ai compris qu'il y avait une sorte de black out dans la presse sur cette actualité. Paris Match ne publierait pas de photos sur cette actualité. J'ai repris mon négatif avec un petit dédommagement de principe sur l'engagement pris au dépôt de la pellicule.

En fait s'était la première fois  depuis la fin de la guerre qu'une armée s'attaquait à des civils. Cet acte barbarie ne pouvait pas être porté à la connaissance du grand public. J'ai bien eu d'autres garanties de dépôts dans des rédactions de la presse étrangère mais aucune publication avec achat de droit d'auteur. Seul le directeur de Sygma m'a dit " si t'étais venu ici en premier je t'achetais le négatif cinq mille francs".

J'avais raté mon scoop et par la même occasion mon entrée dans la profession de reporter de guerre. Avec le recul, ce fût une chance car je suis toujours en vie aujourd'hui contrairement à beaucoup d'autres qui l'on perdue en allant la photographier cette tueuse.

Mon négatif du Bloody Friday développé à Paris Match
Mon négatif du Bloody Friday développé à Paris Match

Mon négatif du Bloody Friday développé à Paris Match

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23 mars 2024 6 23 /03 /mars /2024 12:18

D'une autre démission aussi.

 

reproduction photo de La Dépéche du 06/06/2020 voir l'article complet en page Gers

reproduction photo de La Dépéche du 06/06/2020 voir l'article complet en page Gers

Le nom de village Saint Orens Pouy Petit apparait de nouveau en page 23 de La Dépêche du midi du samedi 6 Juin avec un titre qui nous a tous bouleversé, surtout les habitants de la commune, co signataires de ce pamphlet.
Le sujet nous a ému, certains sont restés sans voix: Thierry quitte le conseil municipal et pour bien savoir de qui il s'agit une photo portrait de M. Bérichvili a été publiée. Il n'y a plus de doute, c'est bien lui il s'en va. Enfin , il ne fait pas ses valises qu'il avait posé en 2012 à l'intérieur des murs suite à l'achat d'une maison qu'on espére il continuera d'habiter; en fait il annonce  qu'il a fait le choix de ne pas poursuivre sa nouvelle mandature. Car aux derniéres élections élections municipales il a été élu; certes il a obtenu le moins de suffrages de la liste unique où il s'est présenté mais plus de cinquante votants lui ont fait confiance et on comprend qu'il remercie aujourd'hui toutes ces personnes car elles vont sûrement être trés déçues de cette annonce dans la presse.
Tous ceux qui ont eu l'honneur d'être invité à son mariage avec Maia la jeune géorgénienne hélas divorcée depuis et par la suite en Juillet et Aout 2015 ceux qui ont connu la joyeuse ambiance du cercle du château lorsqu'ils animaient tous les deux le comité des fêtes et proposaient aux nombreux touristes de passage dans nos murs, des glaces, des boissons fraîches et chaudes, des patisseries, regretteront avec un pincement au coeur ce  départ soudain. Sans parler des visites guidées que Thierry organisait dans la grande salle du château et dans l'église dont il avait les clefs, jusqu'au lavoir, qui passionaient les promeneurs et tout le monde espére qu'elles ne vont pas s'arrêter.
On pense aussi à notre maire et à la nouvelle équipe municipales qui doivent être choqués , aprés plusieurs années de partage des décisions, d'apprendre  qu'ils pratiquent une "politique de ragots". On peut être surpris, voire pérplexe comme il avoue, ou même inquiet de réaliser que la commune est gérée par "des réflexes claniaques". Son expérience " citoyenne, associative, syndicale et politique" était sûrement la seule qui pouvait mettre de l'ordre dans cette foire d'empogne où seul le maire pouvait faire taire ces débats clochemerlesques des chasseurs contre les défenseurs des oiseaux, des travailleurs contre les profiteurs, de la droite contre la gauche, des propriétaires contre les locataires, des communistes contre le châtelain et on en passe et des meilleures.
Il avait su remettre de l'ordre dés son arrivée à son nouveau domicile et se faire connaître en faisant interdire par lettre recommandée de la mairie l'usage de la voie publique pour faire sécher du linge mouillié  ce qui avait provoqué une colére insurmontable à la propriétaire voisine de son nouvel habitat qui depuis des années oeuvrait et investissait dans la restauration du village et avait eu pour conséquence  la mise en vente de son bien immobilier aujourd'hui occupé par une famille nombreuses de locataires.
      Il part en claquant la porte. on peut comprendre qu'il soit déçu et nous avons des regrets éternels de le voir partir ainsi. Ce sera difficile de l'oublier et de remonter la pente car la commune a perdu son étoile filante, son bon pasteur, son espoir d'un avenir meilleur.

Le commité citoyen SOPP

Notre Maire démissione, on se souviendra de lui.

Personnellement je n'oublierai pas qu'il est venu devant ma porte me dire que je suis "une tête de con" et que j'allais fermer ma "grande gueule". J'ai eu aussi le privilège d'entendre son premier adjoint Mr Richon me menaçait un matin de mettre fin à mes jours si je m’opposais au vacarme nocturne des fêtes Disco qui étaient programmées au cercle du Château. Il a également démissionné.

J' ai pu apprécié l'incompétence de la secrétaire de Mairie qui a refusé de prendre en considération ma plainte lorsque j'ai été injustement rayé de la liste électorale alors que la loi prévoit de donner un préavis à l'intéressé avant toute action de radiation. Elle a fini par jeter l'éponge. Je ne la regretterais pas car ce fût une injustice difficile à accepter.

En fait cela stigmatise l'abus de pouvoir que nous ressentions tous sur la commune.

Nous n'oublierons pas les divers épisodes qui ont marqué le "règne" de Michel Mesté. Ainsi notre voisine domiciliée en face de l'église a eu la surprise en ouvrant sa porte comme tous les jours de voir au pied de son escalier en pierre le Maire et son acolyte de l'époque peindre en bleu un espace réservé aux handicapés. Ne comprenant pas la raison de cette interdiction soudaine de stationnement elle a eu pour toute réponse " c'est obligatoire". Depuis la peinture bleue s'est effacée et n'a pas été refaite.

Nous garderons également en  mémoire les nombreux habitants de la commune qui ont eu l'honneur de faire partie du Conseil Municipal et qui du jour au lendemain ont été banni ou ont du démissionner. La liste est longue et chacun pourrait témoigner personnellement des circonstances de cette rupture. Certaines ont été relatées dans la presse locale.

On peut quand même remarquer son habileté politique pour garder le pouvoir et rester Maire. Malgré les élections de 2014 et 2020 où il a récolté un minimum de voix, respectivement 76 et 77, il a su conserver son fauteuil.  C'est un bel exemple de machiavélisme politique dont il n'est pas le seul à pratiquer la technique, d'autres Maires de petites communes avec des listes uniques le font aussi: avant l'élection municipale il leur suffit d'aller proposer un poste de conseiller aux nouveaux habitants qui en général acceptent cette offre ne sachant pas les raisons des démissions de leurs prédécesseurs. 

 Maintenant la voie est libre pour une nouvelle ère qui laissera s'exprimer par la concertation et le dialogue les divers avantages et inconvénients de la vraie démocratie dans notre commune sans avoir à subir les injustices d'une dictature régie par un principe unique " tout pour mes amis, rien pour mes ennemis".

On se souviendra de son refus d'autoriser l'installation d'un abri de jardin à un nouveau propriétaire du lotissement et de permettre à un autre voisin du même quartier, membre du conseil municipal, la construction d'un garage genre petite maison.

Tout cela appartient maintenant au passé disons récent car le village a plus de huit cents ans d'histoire et malgré tout les remparts sont toujours debout. Le château restauré tous les quatre cents sera encore là pour un troisième millénaire porteur d'un patrimoine encore mal connu.

J' ai connu ce village en ruine, presque inhabité quand j'ai acheté en 1965 une maison sans eau ni électricité. Les rues étaient envahies par les orties et les ronces; seul Mr Candelon faisait encore vivre la cloche de l'église qui n'attirait plus aucun paroissien, c'était il y a soixante ans.  

 

 

 

 

   

 

 

photo archives: l'état du château et du puits en 1965

photo archives: l'état du château et du puits en 1965

Pour être le seul aujourd'hui à avoir bu tous les jours l'eau de ce puits et jeté les ordures derriére le rempart de la place de la mairie qui faisait un pyramide immonde infestée de rats juste à côté de l'unique toilette publique à la turque où Mme Candelon venait chaque matin vider son sceau hygiénique, je ne peux croire que dans un avenir meilleur pour notre village et un renouveau plein d'espoir pour notre commune identique à celui que j'ai connu quand j'avais dix sept ans en qualité de nouvel habitant de Saint Orens Pouy Petit; seule différence Mr Bourouse Èloi n'est plus Maire.

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5 février 2024 1 05 /02 /février /2024 23:06

Nos travaux d'agriculture sur les champs pétroliers des savanes désertiques de l' Orénoque ont attiré l'attention d'un grand propriétaire terrien qui nous a proposé de venir habiter dans sa ferme au sud-est de l'état Bolivar pour gérer son cheptel  de plus de trois mille bovins zébus de race brahmanes.

photo Hervé Thery mt_juina_boiada.jpg Confins

photo Hervé Thery mt_juina_boiada.jpg Confins

Accepter cette proposition signifiait aller dans une région presque inhabitée à l’extrême sud est du pays, proche de la frontière avec le Brésil. La propriété s'étendait sur cinq milles hectares et personne ne savait exactement où elle se terminait comme la majorité de ces immenses domaines estimés en journée de parcours à cheval. 

La notre, à l'opposé de la bordure qui longeait la route goudronnée en très  mauvais état, s'évaluait à deux jours de cavalcade dont une partie couverte de forêt tropicale primaire. Pour s'y aventurer fallait descendre de sa monture et ouvrir à la machette un passage jusqu'à une zone qui avait été déforestée et marquait approximativement le départ d'un autre "hato".

Nous avons décidé de faire une clôture complète de la ferme soit plus de trente kilomètres et remettre en état le Caterpillar D9   qui ne marchait plus depuis longtemps. Nous avons embauché une équipe de quatre hommes pour planter des poteaux et tirer des fils barbelés.

Le tracé de chaque ligne se décidait à vue d'une colline à une autre pour former des parcelles de trois ou quatre cent hectares; jamais elles n'étaient droites pas plus que les bouts de bois qui maintenait le barbelés. L'important était d'avancé . A part les déplacements avec le pickup Dodge tout neuf pour aller jusqu'au village le plus proche à vingt kilomètres faire des provisions et mettre notre fils dans une garderie plus qu'une école primaire ou bien des voyages à Puerto Ordaz pour trouver des pièces de rechange pour le moteur du D9, nous passions notre temps à cheval.

Nous étions six cavaliers aux ordres de Don Raoul, le seul vénézuélien de l'équipe, qui décidait chaque matin du travail pour la journée.Tôt le matin, trois hommes rentraient dans l'enclos où une centaine de veaux avaient passé la nuit. Avec une corde passée sur leur museau ils s'approchaient chacun à leur tour de leur mère dans le pâturage voisin en écoutant le chant du "vaquero" disant leur nom avant de les traire. 

Cette récolte de lait prenait beaucoup de temps et rapportait peu; chaque vache donnait un litre et demi ou deux mais c'était surtout une domestication du bovin qui le reste du temps vivait à l'état sauvage. Ce travail terminé, les bidons amenés en bord de route, on allait chercher sa monture pour la journée.

On avait prés des habitations un pâturage d'une disaine d'hectares bien entretenu où une quarantaine de chevaux étaient là en permanence qu'on renouvelait avec de nouvelles bêtes qui venaient d'autres troupeaux à l'état sauvage sur des espaces non surveillés. Dés qu'on rentrait dans cet enclos la majorité d'entre eux fuyaient sauf quelques uns qui continuaient à brouter tranquillement. On s'approchait d'eux en faisant tourner notre lasso au dessus de nos têtes, lentement. A bonne distance on posait la corde sur leur encolure.

Parfois ils s'écartaient mais celui qui ne partait pas était ramené aux écuries pour y être scellé. Don Raoul disait qu'il avait envie de travailler avec nous. On mettait nos éperons, ajustait les sangles, le mors , les brides et la troupe partait au petit trot sur la piste en terre vers de nouvelles inspections de troupeaux sans surveillance.

Plus on s'éloignait plus le végétation était haute et on entendait sans les voir les galops du bétail qui partait à notre approche. La traque commençait; au départ les zébus plus rapides nous distançaient. Après quelques kilomètres de cavalcade au grand galop parfois à travers des buissons d'épineux qui nous blessaient la peau et le cuir on arrivait à les cerner et quelques centaines de bêtes bien encadrées par deux ou trois groupes de cavaliers finissaient par s’immobilisaient.  

C'est là que Don Raoul après quelques piétinements, dressés sur ses étriers, prenait une direction en poussant des cris dont il avait le secret et tout le troupeau le suivait jusqu'au corral. Il nous restait qu'à pousser ensemble et d'éviter les escapades de certains récalcitrants . Venait ensuite le travail de sélection des jeunes des vieux des mâles et des femelles qui seraient répartis dans d'autres pâturages.

Le but de toutes ces activités était de charger toutes les trois ou quatre semaines une quarantaine de bœufs d'un an et demi ou deux dans les deux cent kilos dans des camions qui les amenaient à l'abattoir. On devait recevoir dix pour cent de cette vente mais les paiements étaient souvent en retard. 

 

 

 

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5 février 2024 1 05 /02 /février /2024 16:59
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5 février 2024 1 05 /02 /février /2024 11:31

Je l'ai appris par la presse en ouvrant le journal du matin: "une expédition vénézuélienne va explorer Sarisarinhama", comme un coup de poignard dans le dos. J'avais monté avec une équipe d'alpinistes de Caracas un projet de reconnaissance de cet énorme gouffre dans la jungle du Roraima et obtenu un soutien d'une chaîne de télévision française pour réliser cette aventure qui serait financée en partie.

foto internet

Dans le sud est vénézuélien ces mystérieux gouffres photo internet

Dans le sud est vénézuélien ces mystérieux gouffres photo internet

Durant des semaines nous avions organisé des entrainements de descentes en rappel et des montées avec des cordes le long des parois de l'Alvila pour se préparer physiquement à cette épreuve hors normes. Mais la découverte d'un monde perdu au fond de cette mystérieuse cavité dans une région inexplorée ranimait nos énergies. J'avais fait de la spéléologie  dans des grottes du sud ouest en France mais rien de comparable avec ce gouffre.

Comme invité du gouvernement j'avais trouvé deux hélicoptères de l'armée qui étaient prêts à nous amener au plus prés du site. Cette actualité était l'objet d'articles dans de nombreux quotidiens. C'est sûrement l'un d'eux qui a alerté le ministre de l'information et du tourisme,Mr. Brewer Carias, pour empêcher que ce soit des français qui découvrent la faune et la flore d'un biotope inconnu sur leur territoire national. Déjà le Monde Perdu de Canon Doyle avait mis en lumière cet étrange univers et je ne pouvais plusien faire pour être le premier à éclairer ce mystère. Ce serait des vénézuéliens.

Une autre déception qui celle là nous a couté nos économies fût la libération de Niehous connu pour être le plus long séquestré par un groupe révolutionnaire armé à l'époque. J'étais à Ciudad Bolivar proche de l'endroit de cet événement et j'ai pris contact avec le photographe de presse qui avait pu être présent ce jour là . Je lui ai acheté sa pellicule. J'ai envoyé le film à Paris mais aucun document ne pouvait être publié sur cette affaire sans l'accord du quotidien de l’Illinois qui avait tous les droits d'auteur en leur possession.

Encore une fois je ratais un scoop après Belfast, jamais deux sans trois. Mais le dernier sur le suicide de huit cents adaptes de la secte  de John a quelques kilomètres de la frontière où j'étais, malgré les incitations du directeur de l'agence, j'ai refusé d'y aller. Ma carriére de grand reporter s'arrêtait définitivement là.

C'est l'un des plus grands suicides collectif de l'Histoire. Le 18 novembre 1978, plus de 900 fidèles de la secte d'inspiration protestante du Temple du Peuple absorbaient collectivement une dose de cyanure. 910 personnes dont 300 enfants trouveront la mort. Créé par le charismatique révérend Jim Jones, le Temple du Peuple regroupait près de 5000 membres à travers la planète et proposait une réconciliation raciale entre Noirs et Blancs via la religion chrétienne. Prétendant être capable de réaliser des miracles, le gourou Jim Jones avait voulu créer son utopie dans la petite république du Guyana. La 18 novembre 1978, après une fusillade ayant notamment causé la mort de Leo Ryan, représentant du Congrès américain venu enquêter, Jim Jones force plus de 900 de ses fidèles à se donner la mort.

Laura Johnson Kohl, l'une des rares survivantes du massacre, raconte à la BBC comment elle a refait sa vie. Ayant rejoint la secte en 1970, elle cherchait un combat politique dans la vie et raconte comment le mélange entre "socialisme" et christianisme prôné par la secte le lui a fourni. Elle raconte également l'espoir après la création du "paradis" de Guyana qui devait réinventer une nouvelle société et  l'échec progressif de l'utopie qui mène Jim Jones de plus en plus loin dans la folie. 

Laura Johnson Kohl parle aussi des "répétitions" des suicides collectifs qui avaient eu lieu auparavant, les décrivant comme un "test de loyauté". Le jour fatidique elle décrit comment "l'escroc" Jim Jones les a presque obligé à absorber le poison en leur expliquant "qu'ils ne pouvaient pas revenir en arrière". Non présente sur place, elle n'a pas reçu les instructions lui demandant de se suicider mais "n'aurait probablement pas eu le choix" si elle avait été en compagnie des autres.

"C'est une partie de moi. Je suis qui je suis parce que j'ai survécu au Temple du Peuple" déclare-t-elle. Copie reportage Atlantico Le Suicide collectif de Jonestown

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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:02

Le concepteur du projet avait loué pour nous une grande maison avec jardin au bord de la rivière aux eaux cristallines qui courrait sur le sable sous cette forêt galerie refuge de toute la faune de la savane aride couverte d'épineux et de quelques arbustes sans feuille verte. On avait commencé à cultiver des légumes, aubergines, poivrons, tomates; tous les arbres fruitiers, anacardiers, papayers, bananiers, manguiers, palmiers, cocotiers, pomme rose, anones, pitanguiers plantés par l'ancien propriétaire qui fût un temps président de la République produisaient à nouveau car on arrosait le terrain à l'abandon.

Je vendais de temps en temps avec le Chevrolet Apache nos récoltes sur les campus réservés aux ingénieurs étrangers des compagnies pétrolières.

On était les seuls à tenter de faire du maraichage dans cette région et ce n'était pas facile: des nuées de fourmis envahissaient nos semis par colonnes et coupaient toutes les feuilles en une nuit. Elles pouvaient aussi déplumer un arbre en une journée. On montait la garde à la tombée du jour pour mettre des granulés sur leur parcours qui détruisaient leurs nids si elles les emportaient dans leurs sous terrain où elles cultivaient des champignons.

Finalement les monteurs français sont arrivés et le travail d'assemblage des pièces et boulons sortis du container a pu démarrer. Le probléme est qu'ils étaient tous des ingénieurs diplômés  et avaient des idées sur la meilleure façon de procéder mais ils ne savaient pas se servir d'une clef à molette. Il a fallu les former à ce travail fastidieux mais essentiel pour voir les premières structures métalliques porteuses des tubes avec les asperseurs prendre forme. 

Le plus pénible était de les porter toujours plus loin du container. J'ai du me résoudre à faire un genre de trinqueballe pour les amener chacun à leur place définitive. Après des  semaines de labeur le pivot était monté; pour les branchements électriques il a fallu faire appel à un technicien de l'entreprise française qui avait conçu le système de déclenchement des moteurs à chaque roue motrice.

Le prototype numéro un fonctionnait, il allait servir de modèle pour les autres qui seraient mis en service par une entreprise locale dirigée par un suisse. L'irrigation était en place mais aucun agriculteur ne savait travailler la terre pour faire les nouvelles cultures prévues par le gouvernement.  Quelques uns ont fini par arroser la savane qui a produit des pâturages pour des bovins  zébus.

En fait le Venezuela ne produisait rien excepté du pétrole, tout était importé de l'extérieur. On était habitué aux "escaces" c'est à dire au manque soudain de produits alimentaires. Nous sommes resté plus d'une semaine sans œufs car le chargement pris dans une tempête tropicale c'était transformé en omelette.  Parfois c'était le papier hygiénique ou le riz mais jamais la  farine de maïs qui servait pour faire les "arepas", la base de la nourriture de la population.   

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1 février 2024 4 01 /02 /février /2024 16:43

"Alors vous allez repartir?". A cette derniére question du président du Tribunal Militaire qui venait de me condamner à six mois de prison avec sursis, j'ai répondu laconiquement "Oui", sans un mot de plus. Peut-être espérait-il un commentaire ou des explications sur les raisons qui me poussaient à vouloir de nouveau quitter la France?. J'avais déjà tout expliquer à mon avocat commis d'office; cela devait être au dossier. Je n'allais pas recommencer l'historique de mes cavales de pays en pays; cela risquerait de les endormir comme l'avait fait mon défenseur derriére son bureau au récit de mes voyages en Amérique. C'était cocasse, quand j'arrêtais de parler, il ouvrait les yeux et les refermait au bout d'un moment au son de ma voix. A la fin de cette entrevue préliminaire je lui ai dis au revoir poliment : je me défendrais seul devant mes juges.

Le jour du procès nous étions plusieurs a être jugé. Je suis passé en dernier. La salle d'audience était vide; seul les juges étaient là en arc de cercle sur un promontoire et on m'a placé au milieu devant eux. J'ai eu le temps de les compter. Ils étaient quatorze en tenue de haut gradé des différents corps d'armée chacun dans leurs uniformes. Le président a lu tout ce qui avait été fait pour me retrouver et a conclu que les contribuables avaient du payer non retour au pays. J'ai seulement dit que j'en étais désolé et la sentence est tombée. Je m'en sortais bien.

Cette fois j'y étais, j'avais tenu ma promesse de remettre les pieds en Amérique du Sud, j'allais y rester trois ans au " Vénéze". Mon visa valable trois mois a été renouvelé plusieurs fois avec une période où j'étais "invité officiel de gouvernement". Ce fût qu’après l'attaché de presse de l'ambassade de France sachant que j'avais travaillé à Sygma m'est demandé de trouver des informations sur le groupe de guérilleros qui séquestrait Mr Niehous directeur d'une multinationale américaine du verre, que je me suis présenté au ministère de  l'Information et du Tourisme vénézuélien et obtenu  une carte de presse avec un laissez passer officiel signé du chef de cabinet du ministre .

Niehous a été signalé par des groupes de gauche comme un agent de la (CIA), d'avoir des relations étroites avec l'ambassadeur des USA au Venezuela à l'époque, Harry Slaudeman et même impliqué dans le coup d’État au Chili contre le président Allende. Les guérilleros ont exigé de l'argent et la diffusion d'un manifeste pour leur libération.

L'enlèvement a produit un effet immédiat  sur la recherche et le sauvetage de Niehous. Le 23 juillet, le fondateur de la Ligue Socialite, J A Rodrigues, a été arrêté sur  à Caracas, devant le Miguel Antonio Caro, par des agents de la DRSde , soupçonné d'être impliqué dans l'enlèvement; Jorge Antonio Rodriguez a été torturé.Salom Mesa a été innocenté de son immunité parlementaire, et a été emprisonné pendant deux ans .

Le professeur Carlos Lanz a également été détenu dans  entre 1977 et 1985, d'où il a écrit le livre "The Niehous Case and Administrative Corruption", où il affirme que l'enlèvement des Américains était dû à son "ingérence" dans les affaires intérieures du pays.

Cela ne me rapportait pas un centime mais j'avais accès à toutes les cérémonies officielles dont celles de l'OPEP qui me permettait d'envoyer quelques photos à Paris, pour la forme. C'est avec un autre photographe français que nous avons monté une agence de modèle et mannequins dont les portraits  faisaient les couvertures des revues de mode féminine. Mais mon soucis était ailleurs: trouver un emploi pour faire venir ma compagne avec mon fils et avoir un domicile fixe.

C'est par l'ambassade que j'ai connu le représentant d'une entreprise française qui installait des systémes d'irrigation nouveau modèle avec un pivot central;  cela permettait d"arroser en arc de cercle plus de cent hectares d'un coup. 

Le projet pour développer l'agriculture sur ces terres incultes des savanes de l'Orénoque riche en pétrole avait obtenu une ligne de crédit de la Banque Mondiale. Un homme d'affaire français avait réussi à faire financer pour des propriétaires terriens de cette région semi désertique une installation de ces pivots pour cultiver du maïs. Il leur suffisait d'aller à leur banque pour obtenir l'achat du matériel.

Il en avait déjà trouver une dizaine en fréquentant les boîtes de nuit de El Tigre et fait signer les contrats en bonne et due forme. Les containers étaient arrivés par camion du port de Maiquetia et déposé sur l'accotement à l'entrée de la ville  . Il ne restait plus qu'à monter les pivots et j'ai été embauché comme chef d'équipe chargé des travaux de montage des ces structures métalliques sur roues avec moteur électrique et tuyaux d'irrigation en suspension par travées.                                           L'auteur du projet m'avait fourni une Malibu huit cylindres rouge décapotable pour aller sur les chantiers, mais pas de personnel pour  faire le travail.

En attendant l'arrivée des travailleurs qui étaient des coopérants français détachés à l'étranger pour faire leur service militaire, il restait la visite des sites d'implantation des pivots d'irrigation. Aucune construction, aucune clôture ne délimitait les terrains à irriguer. Les propriétaires m'indiquaient approximativement où se trouvait leur terre et je choisissais l'endroit le plus approprié pour déposer un container. 

Cette savane désertique était sillonnée de pistes tracées droites au bulldozer par les pétroliers pour atteindre les zones de forage. La ville en train de naître avait une seule rue principale qui croisait l'unique axe routier Est Ouest du pays jusqu'à Puerto Ordaz.

L'essentiel des bâtiments placés côte à côte étaient des commerces d'outillage et de matériaux pour les entreprises étrangères  qui perforaient des puits à la recherche de l'or noir, mais surtout des bars et salles de dancing avec de nombreuses jeunes filles venues d'autres pays latino américain qui attendaient le client. Et puis des magasins qui exposaient des articles funéraires dont de magnifiques cercueils à l'entrée sur le trottoir.

Pas grand chose à faire dans ce décors de western sinon des balades en voiture qui consommaient trente litres au cent kilomètres avec de l'essence à dix centimes le litre. Le terme consacrait était " gazolinear" c'est à dire dépenser du carburant. Sur ces pistes sans fin, déserte, le moteur a plein régime on pouvait naviguer de bosse en bosse avec parfois des atterrissages qui se terminaient en tête à queue. Les filles adoraient ce genre de distraction et montaient à plusieurs sur la banquette arrière du bolide pour faire des tours de manège dans le "llano".  

photo Irrigazette internet

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29 janvier 2024 1 29 /01 /janvier /2024 09:11

J'ai du quitté le Alto da Serra, ma maison prés de la cascade au pied des arbres de la forêt primaire sans le vouloir et je revenais mettre mes pieds sur terre dans l’Ariège après une tentative de fuir la ville par la grande porte en passant par l'Afrique.  Je n'ai pas réussi et il me reste un film inachevé pour témoigner de l'effort réalisé.

Dés les premiers cours à Promobois théorique et pratique j'ai compris que j'étais à ma place pour entreprendre une nouvelle carriére avec l'usage quotidien d'une tronçonneuse, son fonctionnement mécanique avec un carburateur à membrane et l'affutage des chaines pour scier des arbres petits ou grand.

On passait nos journées dans les bois de hêtres pour apprendre à couper des hectares de forêt sélectionnées par l'ONF soit pour faire de la cellulose ou des grumes pour les scieries. Une façon de récolter le bois dont nous avons besoin qui est aussi la meilleure façon de gérer par la sylviculture la conservation des forêts.

Notre instructeur, ancien bûcheron au Canada travaillait avec sa hache uniquement et nous enseignait comment voir les arbres, petits moyens et grands; ils étaient tous ensemble et chacun avait sa place qu'il ne fallait pas négliger. Certains comprenaient d'autres pas; les bons élèves étaient "écologistes" et formaient un groupe toujours intéressé d'en apprendre plus sur toutes les espèces végétales et animales de notre environnement sauvages.  On avait créé une brigade de chasseurs de papillons qui le dimanche collectait avec des filets les lycènes et autres machaons sur des biotopes d'altitude. Nous avions un lépidoptériste qui les conservait sous verre.

Dans ma section débardage je conduisais des engins lourds avec des câbles et des poulies pour amener les grumes sur les aires de stockage que je chargeais ensuite sur des semi remorques avec des grues articulées. Nous avions aussi des stages en entreprise de maraîchage ou de scierie. L'une d'elles m'a fait connaitre la distillation comme bouilleur de crue à l'ancienne.

J'étais devenu  bûcheron . En m'arrêtant en fin de journée au kiosque de la presse sur la place du village j'ai regardé quelques journaux et surprise, le Monde Diplomatique avait publié une de mes photos pleine page. Dans une autre vie j'ai été photographe, mon outil de travail maintenant est une tronçonneuse et je dors bien la nuit.

Cette nouvelle activité me plaisait et j'ai obtenu mon diplôme de technicien agricole sans difficulté. Avec un ami nous avons décidé de créer une entreprise agricole d'élagage et de déforestation. Restait à trouver de travail. Je savais que de nouvelles lignes de téléphones se créaient en montagne pour atteindre les villages isolés.

Je suis allé voir le directeur des Poste que j'avais connu comme journaliste et lui proposais mes services. Il m'a orienté sur l'entreprise chargée d'installer des kilomètres de câble et de poteaux le long des petites routes d'altitude, la Signalisation. Nous avons passé un contrat de travaux à effectuer comme "ouvreur de ligne".

Avec nos économies nous avons acheté un petit camion Renault  et une échelle de pompier à tourelle que nous avons soudé  sur le plateau. Il fallait dégager la végétation sur au moins deux mètres autour du passage du futur câble.  Cet engin nous permettait de travailler en hauteur avec un croissant bien affûté. Nous étions payé au mètre linéaire et chaque jour nous faisions ainsi plusieurs centaines de mètres.

Au bout de quelques mois, j'ai cédé l'entreprise à mon associé, pris ma part et je suis revenu en Amérique du Sud comme je l'avais toujours dit. Le billet le moins cher était pour Caracas.

 

 

Caracas et Monte Avila photo internet

Caracas et Monte Avila photo internet

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27 janvier 2024 6 27 /01 /janvier /2024 15:36

Impossible d'aller plus loin que Dakar. La Land Rover  des parisiens du seiziéme nous avait abandonné en plein désert et la Chevrolet Bel Air avait explosé le carter moteur contre une pierre sur la piste au nord de la Mauritanie. On était arrivé à Nouadhibou sur les wagons de minerai de fer du train  mis en service par les Français en 1963. Il transporte le fer de la mine de Zouérate jusqu’au port de Nouadhibou sur l’Atlantique, à travers plus de 700 km de désert, connu pour être le plus long train de marchandise sur rail au monde. Il n'est plus en service depuis les attaques du POLISARIO.

Nous avions connu à Attar deux jeunes sénégalais qui tentaient la traversée du Sahara . Ils nous avaient donné l'adresse de leur famille dans le quartier de Fas Payotte et nous avons débarqué là avec la Méhari toujours en service. C'est avec eux que nous sommes rentré dans le mode de vie africain faite de réunions de cérémonies d'initiation au rythme des tambours, des repas en commun et des compétitions de lutte sénégalaise ou chaque quartier soutenait son champion; nous s'était le Tigre de Fas qui est devenu acteur de mon film de fiction.

J'avais beaucoup de mal à protéger la caméra et tout le matériel de tournage de la poussière, du vol et d'autres dommages. Il  fallait sortir de ce cul de sac et je voulais surtout rendre tout cet équipement en bon état. J'ai bien essayé de le restituer comme fret avec Air France mais le cout du transport aérien était au délai de mes moyens.

Finalement c'est avec le service  de presse de l'ambassade de France qui a contacté Gaumont que le retour à Paris a pu s'est effectué. J'ai pu récupéré les bobines qui avaient été développées au labo du service Actualités et tenté d'en faire le montage avec un technicien spécialiste de ce travail pour JP Mocky . Il n'était pas disponible.

Plus question de revenir à Sygma où j'avais donné mon congé, ni de vendre de nouvelles photos ou reportages pour subvenir à mes besoins dans la capitale. Elle était rentré chez ses parents et s'occupait de notre fils comme elle pouvait; c'est lors d'une conversation téléphonique que tout changé. C'était un ultimatum " soit tu viens vivre avec nous maintenant, soit on se quitte".

Le lendemain je prenais le train gare Saint Lazare pour quitter la capitale et revenir vivre en province au chômage sans le sous. Fallait vite trouver une solution. L'agence pour l'emploi m'a proposé une formation dans une école d'agriculture; c'était la plus rapide car il y avait des places vacantes à Promobois dan l’Ariège. Je me suis inscrit.

Dans la spécialité que j'avais choisi sylviculture et bucheronnage il était obligatoire d'avoir un permis  pour apprendre la conduite d'engins de débardage et du transport de grumes. Je n'avais qu'un mois  pour faire la rentrée d'une nouvelle promotion de six mois . J'ai contacté les entreprises de transport routier du Lot et Garonne et l'une d'elle en manque de chauffeurs parlant anglais ou espagnol a accepté de m'inscrire à un stage de formation pour conduite de poids lourds à l'international.

Trois semaines plus tard j'avais mon permis pour rouler avec des trente cinq tonnes dans toute l'Europe et ailleurs. Je me suis excusé au prés du directeur pour ne pas être son employé comme prévu et nous sommes parti en Ariège trouver un appartement prés du centre de formation pour bûcherons à Varilhes.

 

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  • : photographe de presse fut mon premier métier ; avec l'argentique les photos n'étaient pas retouchées. Elles étaient imprimées en noir et blanc comme à la prise de vue, c'était de vrais documents. Aujourd'hui avec le numérique toutes les photos sont retouchées
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