SUR LES LIEUX D'UN ATTENTAT SAUVAGE
Des millions de brésiliens l'ont vu à la télé ou dans les journaux.
Le village de Cacha Pregos,tout au bout de l'ile d'Itaparica, entre un bras de mer qui s'enfonce dans la mangrove et une plage de plusieurs kilomètres qui découvre á marée basse des bancs de sable
immense toujours en mouvement selon l'amplitude des marées, est un lieu tranquille oú quelques pêcheurs en pirogue jettent leurs filets et d'autres,surtout des femmes, cueillent des crabes ou des
coquillages pour se nourrir plus que pour vendre.
La majorité des résidences secondaires avec jardin, construites sous les cocotiers entre la route et le bord de mer, restent vides et s'animent parfois les fins de semaine ou durant les vacances
scolaires de bruyantes réunions de famille ou d'amis qui couvrent de décibels le paisible et continu bruissement des palmes toujours en mouvement avec le souffle irrégulier des brises venues du
large.
Les français ont depuis l'époque de la découverte fréquenté cette île,des pirates bretons y ont trouvé refuge, et dernièrement deux gagnants du Loto,originaire du Minervois s'y sont installés et y
ont terminé leur vie.
Mais c'est une résidence de luxe, bâtie sur la plage par un marin venu en catamaran de la Côte d'Azur, qui a défrayé la chronique, et porté Cacha Pregos à la une des journaux avides de violence et
de barbarie.
Une bande armée a fait irruption à la tombée du jour dans le restaurant pour rançonner tous les occupants.Avec une violence folle,ils se sont acharnés sur le propriétaire á coups de crosse, et sur
un client qui refusait de leur donner l'argent et la clef du coffre. Il a été poignardé de plusieurs coups de couteau de cuisine dont un lui a perforé le poumon, l'autre le visage près de l'œil et
a eu l'oreille tranchée.
Il a survécu à ces blessures car malgré son âge il se maintenait en excellente forme. Il a perdu beaucoup de sang et un témoin, ancien militaire qui a connu les guerres coloniales en Afrique et les
mutilations à la machette, m'a dit:" quand je l'ai vu dans la rue, je me suis souvenu instantanément de moments identiques vécus il y a 35 ans au Mozambique. Je croyais les avoir oubliés, je n'en
parle jamais, avec personne."