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1 février 2024 4 01 /02 /février /2024 16:43

"Alors vous allez repartir?". A cette derniére question du président du Tribunal Militaire qui venait de me condamner à six mois de prison avec sursis, j'ai répondu laconiquement "Oui", sans un mot de plus. Peut-être espérait-il un commentaire ou des explications sur les raisons qui me poussaient à vouloir de nouveau quitter la France?. J'avais déjà tout expliquer à mon avocat commis d'office; cela devait être au dossier. Je n'allais pas recommencer l'historique de mes cavales de pays en pays; cela risquerait de les endormir comme l'avait fait mon défenseur derriére son bureau au récit de mes voyages en Amérique. C'était cocasse, quand j'arrêtais de parler, il ouvrait les yeux et les refermait au bout d'un moment au son de ma voix. A la fin de cette entrevue préliminaire je lui ai dis au revoir poliment : je me défendrais seul devant mes juges.

Le jour du procès nous étions plusieurs a être jugé. Je suis passé en dernier. La salle d'audience était vide; seul les juges étaient là en arc de cercle sur un promontoire et on m'a placé au milieu devant eux. J'ai eu le temps de les compter. Ils étaient quatorze en tenue de haut gradé des différents corps d'armée chacun dans leurs uniformes. Le président a lu tout ce qui avait été fait pour me retrouver et a conclu que les contribuables avaient du payer non retour au pays. J'ai seulement dit que j'en étais désolé et la sentence est tombée. Je m'en sortais bien.

Cette fois j'y étais, j'avais tenu ma promesse de remettre les pieds en Amérique du Sud, j'allais y rester trois ans au " Vénéze". Mon visa valable trois mois a été renouvelé plusieurs fois avec une période où j'étais "invité officiel de gouvernement". Ce fût qu’après l'attaché de presse de l'ambassade de France sachant que j'avais travaillé à Sygma m'est demandé de trouver des informations sur le groupe de guérilleros qui séquestrait Mr Niehous directeur d'une multinationale américaine du verre, que je me suis présenté au ministère de  l'Information et du Tourisme vénézuélien et obtenu  une carte de presse avec un laissez passer officiel signé du chef de cabinet du ministre .

Niehous a été signalé par des groupes de gauche comme un agent de la (CIA), d'avoir des relations étroites avec l'ambassadeur des USA au Venezuela à l'époque, Harry Slaudeman et même impliqué dans le coup d’État au Chili contre le président Allende. Les guérilleros ont exigé de l'argent et la diffusion d'un manifeste pour leur libération.

L'enlèvement a produit un effet immédiat  sur la recherche et le sauvetage de Niehous. Le 23 juillet, le fondateur de la Ligue Socialite, J A Rodrigues, a été arrêté sur  à Caracas, devant le Miguel Antonio Caro, par des agents de la DRSde , soupçonné d'être impliqué dans l'enlèvement; Jorge Antonio Rodriguez a été torturé.Salom Mesa a été innocenté de son immunité parlementaire, et a été emprisonné pendant deux ans .

Le professeur Carlos Lanz a également été détenu dans  entre 1977 et 1985, d'où il a écrit le livre "The Niehous Case and Administrative Corruption", où il affirme que l'enlèvement des Américains était dû à son "ingérence" dans les affaires intérieures du pays.

Cela ne me rapportait pas un centime mais j'avais accès à toutes les cérémonies officielles dont celles de l'OPEP qui me permettait d'envoyer quelques photos à Paris, pour la forme. C'est avec un autre photographe français que nous avons monté une agence de modèle et mannequins dont les portraits  faisaient les couvertures des revues de mode féminine. Mais mon soucis était ailleurs: trouver un emploi pour faire venir ma compagne avec mon fils et avoir un domicile fixe.

C'est par l'ambassade que j'ai connu le représentant d'une entreprise française qui installait des systémes d'irrigation nouveau modèle avec un pivot central;  cela permettait d"arroser en arc de cercle plus de cent hectares d'un coup. 

Le projet pour développer l'agriculture sur ces terres incultes des savanes de l'Orénoque riche en pétrole avait obtenu une ligne de crédit de la Banque Mondiale. Un homme d'affaire français avait réussi à faire financer pour des propriétaires terriens de cette région semi désertique une installation de ces pivots pour cultiver du maïs. Il leur suffisait d'aller à leur banque pour obtenir l'achat du matériel.

Il en avait déjà trouver une dizaine en fréquentant les boîtes de nuit de El Tigre et fait signer les contrats en bonne et due forme. Les containers étaient arrivés par camion du port de Maiquetia et déposé sur l'accotement à l'entrée de la ville  . Il ne restait plus qu'à monter les pivots et j'ai été embauché comme chef d'équipe chargé des travaux de montage des ces structures métalliques sur roues avec moteur électrique et tuyaux d'irrigation en suspension par travées.                                           L'auteur du projet m'avait fourni une Malibu huit cylindres rouge décapotable pour aller sur les chantiers, mais pas de personnel pour  faire le travail.

En attendant l'arrivée des travailleurs qui étaient des coopérants français détachés à l'étranger pour faire leur service militaire, il restait la visite des sites d'implantation des pivots d'irrigation. Aucune construction, aucune clôture ne délimitait les terrains à irriguer. Les propriétaires m'indiquaient approximativement où se trouvait leur terre et je choisissais l'endroit le plus approprié pour déposer un container. 

Cette savane désertique était sillonnée de pistes tracées droites au bulldozer par les pétroliers pour atteindre les zones de forage. La ville en train de naître avait une seule rue principale qui croisait l'unique axe routier Est Ouest du pays jusqu'à Puerto Ordaz.

L'essentiel des bâtiments placés côte à côte étaient des commerces d'outillage et de matériaux pour les entreprises étrangères  qui perforaient des puits à la recherche de l'or noir, mais surtout des bars et salles de dancing avec de nombreuses jeunes filles venues d'autres pays latino américain qui attendaient le client. Et puis des magasins qui exposaient des articles funéraires dont de magnifiques cercueils à l'entrée sur le trottoir.

Pas grand chose à faire dans ce décors de western sinon des balades en voiture qui consommaient trente litres au cent kilomètres avec de l'essence à dix centimes le litre. Le terme consacrait était " gazolinear" c'est à dire dépenser du carburant. Sur ces pistes sans fin, déserte, le moteur a plein régime on pouvait naviguer de bosse en bosse avec parfois des atterrissages qui se terminaient en tête à queue. Les filles adoraient ce genre de distraction et montaient à plusieurs sur la banquette arrière du bolide pour faire des tours de manège dans le "llano".  

photo Irrigazette internet

photo Irrigazette internet

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  • : photographe de presse fut mon premier métier ; avec l'argentique les photos n'étaient pas retouchées. Elles étaient imprimées en noir et blanc comme à la prise de vue, c'était de vrais documents. Aujourd'hui avec le numérique toutes les photos sont retouchées
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