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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:02

Le concepteur du projet avait loué pour nous une grande maison avec jardin au bord de la rivière aux eaux cristallines qui courrait sur le sable sous cette forêt galerie refuge de toute la faune de la savane aride couverte d'épineux et de quelques arbustes sans feuille verte. On avait commencé à cultiver des légumes, aubergines, poivrons, tomates; tous les arbres fruitiers, anacardiers, papayers, bananiers, manguiers, palmiers, cocotiers, pomme rose, anones, pitanguiers plantés par l'ancien propriétaire qui fût un temps président de la République produisaient à nouveau car on arrosait le terrain à l'abandon.

Je vendais de temps en temps avec le Chevrolet Apache nos récoltes sur les campus réservés aux ingénieurs étrangers des compagnies pétrolières.

On était les seuls à tenter de faire du maraichage dans cette région et ce n'était pas facile: des nuées de fourmis envahissaient nos semis par colonnes et coupaient toutes les feuilles en une nuit. Elles pouvaient aussi déplumer un arbre en une journée. On montait la garde à la tombée du jour pour mettre des granulés sur leur parcours qui détruisaient leurs nids si elles les emportaient dans leurs sous terrain où elles cultivaient des champignons.

Finalement les monteurs français sont arrivés et le travail d'assemblage des pièces et boulons sortis du container a pu démarrer. Le probléme est qu'ils étaient tous des ingénieurs diplômés  et avaient des idées sur la meilleure façon de procéder mais ils ne savaient pas se servir d'une clef à molette. Il a fallu les former à ce travail fastidieux mais essentiel pour voir les premières structures métalliques porteuses des tubes avec les asperseurs prendre forme. 

Le plus pénible était de les porter toujours plus loin du container. J'ai du me résoudre à faire un genre de trinqueballe pour les amener chacun à leur place définitive. Après des  semaines de labeur le pivot était monté; pour les branchements électriques il a fallu faire appel à un technicien de l'entreprise française qui avait conçu le système de déclenchement des moteurs à chaque roue motrice.

Le prototype numéro un fonctionnait, il allait servir de modèle pour les autres qui seraient mis en service par une entreprise locale dirigée par un suisse. L'irrigation était en place mais aucun agriculteur ne savait travailler la terre pour faire les nouvelles cultures prévues par le gouvernement.  Quelques uns ont fini par arroser la savane qui a produit des pâturages pour des bovins  zébus.

En fait le Venezuela ne produisait rien excepté du pétrole, tout était importé de l'extérieur. On était habitué aux "escaces" c'est à dire au manque soudain de produits alimentaires. Nous sommes resté plus d'une semaine sans œufs car le chargement pris dans une tempête tropicale c'était transformé en omelette.  Parfois c'était le papier hygiénique ou le riz mais jamais la  farine de maïs qui servait pour faire les "arepas", la base de la nourriture de la population.   

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  • : photojournalisme
  • : photographe de presse fut mon premier métier ; avec l'argentique les photos n'étaient pas retouchées. Elles étaient imprimées en noir et blanc comme à la prise de vue, c'était de vrais documents. Aujourd'hui avec le numérique toutes les photos sont retouchées
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