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5 février 2024 1 05 /02 /février /2024 23:06

Nos travaux d'agriculture sur les champs pétroliers des savanes désertiques de l' Orénoque ont attiré l'attention d'un grand propriétaire terrien qui nous a proposé de venir habiter dans sa ferme au sud-est de l'état Bolivar pour gérer son cheptel  de plus de trois mille bovins zébus de race brahmanes.

photo Hervé Thery mt_juina_boiada.jpg Confins

photo Hervé Thery mt_juina_boiada.jpg Confins

Accepter cette proposition signifiait aller dans une région presque inhabitée à l’extrême sud est du pays, proche de la frontière avec le Brésil. La propriété s'étendait sur cinq milles hectares et personne ne savait exactement où elle se terminait comme la majorité de ces immenses domaines estimés en journée de parcours à cheval. 

La notre, à l'opposé de la bordure qui longeait la route goudronnée en très  mauvais état, s'évaluait à deux jours de cavalcade dont une partie couverte de forêt tropicale primaire. Pour s'y aventurer fallait descendre de sa monture et ouvrir à la machette un passage jusqu'à une zone qui avait été déforestée et marquait approximativement le départ d'un autre "hato".

Nous avons décidé de faire une clôture complète de la ferme soit plus de trente kilomètres et remettre en état le Caterpillar D9   qui ne marchait plus depuis longtemps. Nous avons embauché une équipe de quatre hommes pour planter des poteaux et tirer des fils barbelés.

Le tracé de chaque ligne se décidait à vue d'une colline à une autre pour former des parcelles de trois ou quatre cent hectares; jamais elles n'étaient droites pas plus que les bouts de bois qui maintenait le barbelés. L'important était d'avancé . A part les déplacements avec le pickup Dodge tout neuf pour aller jusqu'au village le plus proche à vingt kilomètres faire des provisions et mettre notre fils dans une garderie plus qu'une école primaire ou bien des voyages à Puerto Ordaz pour trouver des pièces de rechange pour le moteur du D9, nous passions notre temps à cheval.

Nous étions six cavaliers aux ordres de Don Raoul, le seul vénézuélien de l'équipe, qui décidait chaque matin du travail pour la journée.Tôt le matin, trois hommes rentraient dans l'enclos où une centaine de veaux avaient passé la nuit. Avec une corde passée sur leur museau ils s'approchaient chacun à leur tour de leur mère dans le pâturage voisin en écoutant le chant du "vaquero" disant leur nom avant de les traire. 

Cette récolte de lait prenait beaucoup de temps et rapportait peu; chaque vache donnait un litre et demi ou deux mais c'était surtout une domestication du bovin qui le reste du temps vivait à l'état sauvage. Ce travail terminé, les bidons amenés en bord de route, on allait chercher sa monture pour la journée.

On avait prés des habitations un pâturage d'une disaine d'hectares bien entretenu où une quarantaine de chevaux étaient là en permanence qu'on renouvelait avec de nouvelles bêtes qui venaient d'autres troupeaux à l'état sauvage sur des espaces non surveillés. Dés qu'on rentrait dans cet enclos la majorité d'entre eux fuyaient sauf quelques uns qui continuaient à brouter tranquillement. On s'approchait d'eux en faisant tourner notre lasso au dessus de nos têtes, lentement. A bonne distance on posait la corde sur leur encolure.

Parfois ils s'écartaient mais celui qui ne partait pas était ramené aux écuries pour y être scellé. Don Raoul disait qu'il avait envie de travailler avec nous. On mettait nos éperons, ajustait les sangles, le mors , les brides et la troupe partait au petit trot sur la piste en terre vers de nouvelles inspections de troupeaux sans surveillance.

Plus on s'éloignait plus le végétation était haute et on entendait sans les voir les galops du bétail qui partait à notre approche. La traque commençait; au départ les zébus plus rapides nous distançaient. Après quelques kilomètres de cavalcade au grand galop parfois à travers des buissons d'épineux qui nous blessaient la peau et le cuir on arrivait à les cerner et quelques centaines de bêtes bien encadrées par deux ou trois groupes de cavaliers finissaient par s’immobilisaient.  

C'est là que Don Raoul après quelques piétinements, dressés sur ses étriers, prenait une direction en poussant des cris dont il avait le secret et tout le troupeau le suivait jusqu'au corral. Il nous restait qu'à pousser ensemble et d'éviter les escapades de certains récalcitrants . Venait ensuite le travail de sélection des jeunes des vieux des mâles et des femelles qui seraient répartis dans d'autres pâturages.

Le but de toutes ces activités était de charger toutes les trois ou quatre semaines une quarantaine de bœufs d'un an et demi ou deux dans les deux cent kilos dans des camions qui les amenaient à l'abattoir. On devait recevoir dix pour cent de cette vente mais les paiements étaient souvent en retard. 

 

 

 

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  • : photographe de presse fut mon premier métier ; avec l'argentique les photos n'étaient pas retouchées. Elles étaient imprimées en noir et blanc comme à la prise de vue, c'était de vrais documents. Aujourd'hui avec le numérique toutes les photos sont retouchées
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