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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 16:11

Maintenant, c'est officiel, connu et reconnu, trois ans et trois mois aprés la catastrophe, les humanitaires ont fait main basse sur les donations des braves gens sensibles à la misére humaine. Les haîtiens rien
 ou presquehaiti1.jpg

©Guy Capdeville

 

Rien n'a plus bougé dans le centre ville de Port au Prince depuis le 12 Janvier à 16h53 quand d'un seul coup tout s'est écroulé. Les bâtiments à étages se sont affaissés sur eux-mêmes, les hourdis en béton ont écrasé au sol des milliers de personnes prises au piège au moment où les piliers de soutien ont cédé. Là une école, ici un supermarché, une clinique, des locaux administratifs; la liste est longue. Des kilomètres de rues jonchées de gravats qui cachent encore les victimes: seule l'odeur de plus en plus envahissante révèle leur présence. Pire qu'un bombardement, où les impacts laissent leur signature du massacre,un séisme n'a pas d'origine, de raison connue et les haïtiens survivants continuent d'avoir peur de son existence.
Ils essayent pourtant de vivre. Dans les quartiers sinistrés ils s'occupent à de petits commerces ou de menus travaux d'entretien mais personne ne touche aux ruines. Depuis plus de deux mois, ils attendent de l'aide. Ils voient les véhicules aux sigles humanitaires bien visibles passer devant leurs abris rafistolés, ils savent que de nombreux pays s'occupent de leur problème, ils ont entendu que des milliards ont été donné pour eux, mais tous s'interrogent: pourquoi personne n'est encore venu faire quelque chose ici au centre ville.
Ce cimetière à l'air intouchable
En fait les enjeux sont ailleurs. Les autorités gouvernementales haïtiennes pensent aux élections prochaines et ne veulent pas déplacer d'office les populations loin de leur bureau de vote. Les ONG doivent montrer qu'elles sont bien présentes, les religieux aussi, et chacune agit dans son secteur avec leur propre moyen. Ils se donnent bonne conscience mais ils savent qu'ils n'ont pas la solution du problème; parfois même ils l'amplifient, comme certaines amputations qui ont été dénoncées ou d'autres prises en charge de soi-disant orphelins, quand ce n'est pas fixer des personnes qui devraient être déplacées.
En fait il n'y a pas de capitaine pour ce navire en perdition et face à cette incurie les haïtiens réagissent comme ils peuvent pour sauver leur peau, mais toujours avec beaucoup de dignité parfois d'humour car c'est un peuple cultivé qui parle deux langues, sait exprimer son art de vivre et peut donner des leçons d'humanité aux humanitaires les plus aguerris.

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©Guy Capdeville

Mais attention, si la faim et les maladies s'amplifient, la réaction peut être violente comme je l'ai vu à Jimani où les camions d'aide humanitaire bloqués à la frontière dominicaine ont été pris d'assaut par toute une population en furie. Ce n'était que pour du papier hygiénique, des boites et des plastiques, mais demain ce pourrait être pour prendre en main leur destin.
Et ce serait aussi un enterrement de première classe pour incompétence de l'aide humanitaire en général.

 

haiti4.jpg

©Guy Capdeville- Devant le palais présidentiel duimanche 21 mars 2010 à 17h40 Port au Prince

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commentaires

V
Merci pour l'article.<br /> <br /> Cependant, du texte noir sur un fond blanc serait plus lisible.
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R
<br /> Trouvé!<br /> Le Petit Bleu va raconter la vie, l'histoire du premier photographe du petit bleu dans ses "coulisses": deux pages le dimanche!!!!<br /> Richard<br /> <br /> <br />
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C
C'était il y a 3 ans 3 jours et 3 heures; en 30 secondes l'actualité est là

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  • : photojournalisme
  • : photographe de presse fut mon premier métier ; avec l'argentique les photos n'étaient pas retouchées. Elles étaient imprimées en noir et blanc comme à la prise de vue, c'était de vrais documents. Aujourd'hui avec le numérique toutes les photos sont retouchées
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