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15 janvier 2023 7 15 /01 /janvier /2023 10:22

J’étais là au bon moment pour collaborer à la naissance d'un nouveau journal; vu sur Wikipédia.

 
Logo du Petit Bleu d'Agen en 1967

 

Dès 1967, le logo apparaît en couleur, le bleu. Ce sera la seule modification.

J'avais vingt ans et ce fût le début d'une grande aventure dans le photojournalisme.

 

Et mes photos et reportages ont été publiés dans divers journaux et magazines.

Aujourd'hui, comme pour Alain, Agen reprend sa mémoire pour nous et comme lui de revenir au lycée Palissy, je reviens au bureau de mon rédacteur en chef du Le Petit Bleu pour lui dire ce qui s'est passé quand j'ai quitté le journal en juin 1968.

MONSIEUR LE REDACTEUR EN CHEF,

Félicitations pour votre publication, Fier d'être Agenais et pour vous dire aussi FIER de notre Le Petit Bleu. 

Pour ma part, je lui dois beaucoup et je sens le besoin d'exprimer ici toute ma reconnaissance.

Depuis 1967, quand je suis rentré à la rédaction rue Voltaire (j'avais 20 ans) , pour être le photographe du journal, embauché par Mr Drozin, j'ai acquis un métier et une destinée : le photojournalisme.

J'ai eu la chance de travailler dans cette entreprise de presse à un moment charnière qui reste dans l'histoire de la presse française pour avoir été le premier QRP à tirer en offset; disons, de passer de l'encre noire à la couleur pour le titre.

Nous étions trois à la rédaction : Jean POURRE rédac chef, Gaston CAPGRAS au sport et moi JLC à la locale. Plus un quatrième, le télex de l'AFP qui travaillait bruyamment sans interruption dans son cagibi. Mais c'est au marbre qu'il y avait plusieurs dizaines d'employés travaillant sous l'oeil attentif de Mr DARDINIER avec trois linotypistes qui transformaient nos articles manuscrits en plomb.

Nous faisions une équipe solidaire et soudée car nous devions, impérativement, tous les jours, donner aux agenais, vers 14h, le meilleur de l'information nationale et locale à plus de 8000 lecteurs. Le Sud Ouest et La Dépêche n'en comptaient que quelques milliers. 

J'alimentais les faits divers récupérés tous les matins chez les pompiers, au commissariat et à la gendarmerie, parfois aux urgences. Après la tournée avec la mobylette, en plus des infos du jour, j'ai vitre compris qu'une photo bien légendée faisait de nouveaux "lecteurs", et m'évitait de "pisser de la copie", comme on disait dans le jargon journalistique.

Avec le Rolleiflex et le flash Mécablitz, j'étais de toutes les réunions et événements de la cité d'Agen. Je rentrais partout : à la Préfecture, au théâtre, à tous les spectacles, dans toutes les salles de sport et pour tous les départs à la retraite. 

Du palais au bar des blousons noirs, partout j'étais bien accueillis. Tous me connaissaient et on aurait beaucoup à dire sur cette première année du LE PETIT BLEU en bleu et nous sommes nombreux à avoir agi au quotidien pour sa réussite. 

Je dois vous avouer que de 1967 à 1968, j'ai travaillé sept jours sur sept, souvent plus de douze heures et la photographie est devenue une passion. Son impact pour informer plaisait à de nouveaux abonnés comme l'avait prévu Mme Drozin.

J'ai acquis avec le photojournalisme la conviction d'avoi une profession : je serai reporter d'agence.

J'ai enfin obtenu mon premier congé et j'ai cherché à réaliser des reportages qui me permettraient d'accéder à ce métier. Je suis parti en Amérique avec un Nikon acheté aux Puces, un sac de couchage et mille francs.

Malheureusement, je suis allé trop loin et je n'ai pas pu rentrer ni avertir mon chef de rédaction que je ne reprendrais pas le travail au journal en août 1968. 

Je m'en excuse ici : "mieux vaut tard que jamais".

Après les trois années de périple, du Canada au Chili, j'ai pu faire des photos suffisamment pour les présenter au directeur de l'agence Gamma, à Paris puis à Sygma qui m'ont ouvert leurs portes.

En fait, avec le recul, cette mobylette du Le Petit Bleu m'a donné des ailes qui m'ont permis de vivre et connaître une trentaine de pays, de parler quatre langues mais surtout de savoir que l'important est d'être au bon endroit au bon moment.

J'espère que cette lettre sera opportune et vous permettra d'en convenir avec moi, Fier d'être Agenais.

Je reste à votre entière disposition pour toute information complémentaire sur notre aventure bleue.

Cordialement,

Guy CAPDEVILLE

 

                                                                                                                                                                                    

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5 septembre 2018 3 05 /09 /septembre /2018 09:44

Plus récemment Agen fut la première ville de France dont le journal quotidien local, Le Petit Bleu, passa de la typo à l'offset. Je fus le premier photographe de la rédaction en septembre 1967 et petit à petit les pages locales remplies uniquement de lettres et de chiffres composés par les linotypistes qui sentaient le plomb fondu furent remplacés par mes photos dont je rédigeais les légendes.

La rotative commençait à tourner vers les 11 heures et imprimait huit à neuf mille exemplaires qui étaient distribués dans toute la ville. Nous étions les premiers à donner les nouvelles sur Agen et le département; le Sud Ouest et La Dépêche ne sortaient que le lendemain matin.

Ce fut une grande aventure et un formidable apprentissage du métier de journaliste qui m’emmena ensuite à Paris, aux agences de presse Gamma et Sygma.

Quand à Ducos du Hauron il reste le nom du ruelle, presque d'une impasse prés de la rue Trénac, a Agen et pour ma part je quittais définitivement le journalisme en 1977 en tant qu'attaché de presse du Ministère de  l'information et du Tourisme du Vénézuéla à Caracas  

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3 juin 2018 7 03 /06 /juin /2018 21:23
la photo de Didier G. telle qu'elle a été faite

la photo de Didier G. telle qu'elle a été faite

La photo retouchée publiée dans le média, ce n'est plus pareil

La photo retouchée publiée dans le média, ce n'est plus pareil

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24 mai 2018 4 24 /05 /mai /2018 18:48

Toute une histoire, ma photo de Mr. Fittipaldi a la une du plus grand quotidien du Brésil O Estadao de Sao Paulo. Là où mon fils est né en 1971.

Ce jour là, il avait trois mois et je cherchais du travail pour acheter les biberons et tout le reste.

Je n'avais que mon sac de couchage, mes bottes et mon appareil photo mais j'ai pu obtenir un rendez-vous avec le rédacteur en chef du journal le plus lu à cette époque de dictature militaire, car j'étais français photographe de presse et père d'un brésilien.

L'entrevue fût très sympathique mais hélas il n'avait de place pour moi: ses effectifs étaient au complet dans toutes les rubriques. Je le remercie , le salue pour son accueil et je prends la porte. Direction la sortie de cet imposant bâtiment par une enfilade de couloirs.

Presque sur le seuil j'entends une voie me crier "é francés espera um poco". Je me retourne  et mon poursuivant me demande de le suivre pour me faire connaitre le rédacteur en chef du service des sports. Il veut me voir tout de suite, c'est urgent.

Un peu essoufflé on rentre dans son bureau et il me tend un télex d'une agence de presse qui dit que le héros brésilien de la conduite automobile, Emerson Fittipaldi, vient d'avoir un accident en France à la sortie de Lyon. Il veut savoir où cela se trouve, si c'est un endroit dangereux, s'il y a de bonnes cliniques et beaucoup d'autres questions car il va préparer un article pour la première page de la prochaine édition du Jornal da Tarde.

Et soudain il me dit " bon t'es photographe. Tu vas accompagner le rédacteur sportif chez Emerson et tu me fais une bonne photo". Nous voilà partis dans la périphérie de Sao Paulo, pour arriver devant une grande maison sur deux étages avec jardin, remplie de brésiliens, parents et amis. On nous présente la mère et le père du champion; on me demande ou se trouve Lyon, on m'offre un verre.

Difficile de faire une bonne photo dans cette ambiance. Et puis Wilson nous prend à part et nous demande de l'accompagner dans la salle au sous-sol, là ou son fils a rassembler tout ses trophées. Au mur il y a une photo en noir et blanc d'un accident survenu en course à Indianapolis, sur la droite un abats jour avec une ampoule et Mr, Fittipaldi qui raconte cet incroyable collision.

Çà y est, j'ai la photo au 60° de seconde avec une Trix a 2,8 de diaph. Je suis pas sûr qu'elle soit réussi. Je laisse la pellicule au rédac chef et je rentre au gourbi.

Le lendemain je suis sacré grand photographe de presse... 

 

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16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 17:14
Repro du 28 Février 1885 - Bicot se roulait à terre esayant d'échapper à l'étreinte de l'agent qui venait de le terrasser. N°1244 du Journal L'Ouvrier

Repro du 28 Février 1885 - Bicot se roulait à terre esayant d'échapper à l'étreinte de l'agent qui venait de le terrasser. N°1244 du Journal L'Ouvrier

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23 février 2018 5 23 /02 /février /2018 00:07

Je publie mon CV perso

Ce fut mon premier métier

Ce fut mon premier métier

tous les jours fallait remplir deux pages

tous les jours fallait remplir deux pages

Sur l'aglomération tout était bon pour la parution; les politiques m'envoyaient parfois de la copie

Sur l'aglomération tout était bon pour la parution; les politiques m'envoyaient parfois de la copie

Critique d'Art ou des travaux de la municipalité

Critique d'Art ou des travaux de la municipalité

Déjà une envie de grand reportage

Déjà une envie de grand reportage

Mais les Faits Divers étaient mon pain béni. Avec ma mobylette j'allais tous les matins aux pompiers, au commissariat, à la gendarmerie chercher des nouvelles tragiques

Mais les Faits Divers étaient mon pain béni. Avec ma mobylette j'allais tous les matins aux pompiers, au commissariat, à la gendarmerie chercher des nouvelles tragiques

Je pouvais aussi aider des "matuvus"à se faire de la pub; mais le plus grave restait les comptes rendus d'audience du tribunal

Je pouvais aussi aider des "matuvus"à se faire de la pub; mais le plus grave restait les comptes rendus d'audience du tribunal

J'ai même publié des toiles de M. Fechner, pére de Christian Fetchner futur PDG à Hollywwood

J'ai même publié des toiles de M. Fechner, pére de Christian Fetchner futur PDG à Hollywwood

Aprés presque un an de travail quotidien sept jours sur sept et souvent plus de douze heures, j'ai pris mon congé. Trois années du Canada au Chili avec sac à dos et appareil photo.

Aprés presque un an de travail quotidien sept jours sur sept et souvent plus de douze heures, j'ai pris mon congé. Trois années du Canada au Chili avec sac à dos et appareil photo.

Au Mexique, mes collégues de Novedades de Yucatan ont fait un article sur mon itinéraire

Au Mexique, mes collégues de Novedades de Yucatan ont fait un article sur mon itinéraire

J'ai retravaillé au Belize comme photographe au the Reporter. J'ai failli me faire assassiner

J'ai retravaillé au Belize comme photographe au the Reporter. J'ai failli me faire assassiner

J'ai été le correspondant de GéoPress et accrédité par le ministre de l'intérieur de Bolivie

J'ai été le correspondant de GéoPress et accrédité par le ministre de l'intérieur de Bolivie

Au Brésil le neuf Juin 1971 ma photo du pére d'Emerson Fittipaldi a fait la une de O Estado de S.Paulo

Au Brésil le neuf Juin 1971 ma photo du pére d'Emerson Fittipaldi a fait la une de O Estado de S.Paulo

Trois mois plus tard j'ai du tout quitté, déporté en France pour y être jugé devant un tribunal militaire pour insoumission. J'étais parti sans porter l'uniforme de soldat, j'avais oublié que c'était obligatoire quand on a juste vingt ans, ou un peu moins

Libéré de mes obligations militaires, je suis monté à Paris avec le train de nuit à vapeur et j'ai cherché à vendre mes reportages texte et photos car c'était mieux payé

Libéré de mes obligations militaires, je suis monté à Paris avec le train de nuit à vapeur et j'ai cherché à vendre mes reportages texte et photos car c'était mieux payé

La revue Art et Artisanat, l'Estampile m'avait permis d'aller au restaurant et de payer une chambre d'hôtel, le luxe

La revue Art et Artisanat, l'Estampile m'avait permis d'aller au restaurant et de payer une chambre d'hôtel, le luxe

J'ai frappé à toutes les portes des organes de presse pour finalement aller à Gamma, rue Auguste Vacquerie. J'ai vu raymond qui m'a dit d'y aller..

J'ai frappé à toutes les portes des organes de presse pour finalement aller à Gamma, rue Auguste Vacquerie. J'ai vu raymond qui m'a dit d'y aller..

J'ai eu la chance d'avoir ce fameux Bloody Friday devant mes yeux. Le lendemain j'étais à Paris Match où mon rouleau de TriX a été développé. Il devait y avoir de grosses ventes à la clef

J'ai eu la chance d'avoir ce fameux Bloody Friday devant mes yeux. Le lendemain j'étais à Paris Match où mon rouleau de TriX a été développé. Il devait y avoir de grosses ventes à la clef

J'avais des photos choc, de ce terrible attentat en pleine ville

J'avais des photos choc, de ce terrible attentat en pleine ville

Mais dés le lundi la presse nationale et internationale a minimisé ce carnage car pour la premiére fois depuis la fin de guerre, une armée proclamée prenait pour cible des civils. C'était ignoble, on zape. J'ai fait quelques ventes de consolation mais ce fut un vrais coop raté. Par dépit je suis allé rue réaumur voir H.H .

Mais dés le lundi la presse nationale et internationale a minimisé ce carnage car pour la premiére fois depuis la fin de guerre, une armée proclamée prenait pour cible des civils. C'était ignoble, on zape. J'ai fait quelques ventes de consolation mais ce fut un vrais coop raté. Par dépit je suis allé rue réaumur voir H.H .

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16 janvier 2018 2 16 /01 /janvier /2018 16:13
La frontiére MAROC MAURITANIE n'était pas matérialisée sur le terrain

La frontiére MAROC MAURITANIE n'était pas matérialisée sur le terrain

photo Severino Tognoni-Sahara 1973

photo Severino Tognoni-Sahara 1973

La piste n'était plus trés frequentée

On était presque au bout de tout

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18 septembre 2017 1 18 /09 /septembre /2017 11:14

Une nouvelle étape dans la pratique de l'informatique: le clavier Bluetooth  

Comme toujours avec ces nouvelles "mécaniques" à manipuler du bout des doigts, la moindre erreur de touche est fatale, mais on arrive à faire mouche. Faut de la patience, de la persévérance et ça marche

J'ai failli tout jetter et rapporter le MID.211H au vendeur; surtout que le KB211H n'apparaissait pas sur Google pour en connaitre la mise en marche.

J'aurais récupérer mes 99 euros mais je serais parti sans espoir de pouvoir continuer à bloguer; quel ennui ! 

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19 juillet 2017 3 19 /07 /juillet /2017 15:25
photo guy capdeville Amérique du Sud 1970

photo guy capdeville Amérique du Sud 1970

" pourquoi est-ce sur les pauvres gens que tu t'abats obstinément"

photo guy capdeville 1990

photo guy capdeville 1990

Mais nous arrivons pour vous aider

Si Dieu le veut photo g.capdeville

Si Dieu le veut photo g.capdeville

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3 septembre 2014 3 03 /09 /septembre /2014 08:50

P1090401.JPG  p                                                                                                                                 photo guy capdeville

Tourner la page   3 – De l’Ile des Femmes (Yucatan-Mexique) à Belize city ( Honduras)

 Cinq mois dans un bungalow sous les cocotiers, posé sur du sable blanc, à vingt pas de l’eau de mer translucide  des Caraïbes, parfaitement claire et toujours à vingt huit degré ; du homard ou des steaks de tortue tous les jours, ça ne pouvait plus durer. Fallait reprendre la route vers le sud.

On n’était plus très loin de la frontière  du Honduras Britannique et je voulais me sortir de là : le risque était, d’y rester trop longtemps. Un endroit merveilleux et un travail en or, guide interprète au Club Méditerranée. Sur cette Islas Mujeres, à la pointe du Yucatan mexicain, certains soirs, de faibles lueurs à l’horizon indiquaient Cuba. Fidel avait débarqué là au tout début de sa croisade révolutionnaire  avec ses premiers compagnons de combat. Pour l’instant les Gm et  les Go du Club occupaient l’hotel Zazil-Ha (qui existe toujours je crois), tout à la pointe de l’île.

Le directeur ne parlant pas français m’avait demandé de tout lui traduire en simultané et je serais logé, nourri, un peu payé. C’était très important pour le contrat avec Le Club Med qui était pour la première fois en Amérique latine et pouvait revenir tous les ans car l’hôtel ne couvrait plus ses frais de gestion ; tous les robinets fuyaient. Une affaire énorme qui allait bouleverser tout le paysage. C’était fin 1968, début 1969 et l’homme allait marcher sur la lune.

La routine s’installait avec un farniente omniprésent et les activités du Club créaient des distractions pour tous, à toute heure, même tard la nuit parfois ; la promenade la plus prisée des Gentils Membres était la journée de découverte  sur l’île inhabitée, Cancún.

Je partais le matin avec l’équipement nécessaire  pour préparer les repas avec apéritif inclus : une machette, des citrons et des oignons, du sel, du sucre, du rhum et des glaçons. Et de l’eau bien sûr. Avec mes six à dix personnes et mon assistant,  sur un bateau hors-bord, j’installais tout le monde  pour une traversée de quarante  minutes à une heure selon la houle, jusqu’à la crique « enchantée » ; une anse de sable blanc d’une centaine de mètre en arc de cercle  avec à chaque extrémité des récifs de coraux à moitié immergé où pullulaient des poissons multicolores. Durant la traversée, on péchait avec une traîne de trente mètres et un gros hameçon planté dans un bout de chiffon blanc, deux ou trois barracudas avant d’arriver à la crique sauvage, vierge de toute présence humaine, sinon des flamands roses et des ibis rouges, sans parler des pélicans, perroquets, des iguanes et des autres espèces qui vivaient là depuis des lustres.    

Dés  notre accostage, nous coupions quelques palmes pour pouvoir s’asseoir  sur le sable brûlant et préparions un feu. On allait cueillir quelques noix de coco pour préparer l’apéritif et je mettais mes lunettes de plongée pour ramasser des  lambis par trois ou quatre mètres de fond qui en était jonché. Revenu sur la plage, je cassais d’un coup de lame  la pointe du coquillage pour décrocher le muscle qui tombait dans le plat. Puis coupé en petits morceaux, il macérait dans du jus de citron ; le « sebiche » était prêt et il ne restait plus qu’à partager le barracuda qui grillait sur la braise. C’était devenu mon île déserte, mon coin de paradis  à moi.

Un jour on m’a demandé d’emmener juste deux personnes et de bien les soigner ; j’ai fait comme d’habitude pour une journée d’aventure à Cancun. Plus tard j’ai su que j’avais côtoyé  le pdg du Club et le roi du stylo à bille. Peut-être ce jour là ont-ils décidé de construire un aéroport sur le lagon ?  

             Changer de pays

Aucune difficulté pour passer la douane et les contrôles de police avec un sac à dos pour tout viatique. Nous entrions dans un pays du Commonwealth avec un passeport français ; l’alliance cordiale et trois mois de visa immédiat.

L’arrivée à Belize, après des centaines de kilomètres à l’arrière d’un pick-up sur des pistes poussiéreuses, fut très étonnante. Une succession ininterrompue de petites maisons en bois peintes au Ripolin, éclairées à la nuit tombante d’ampoules colorées, nous conduisit jusqu’au centre ville juste après le pont.

Beaucoup de monde sur les trottoirs, les petites terrasses et même aux fenêtres  des rez-de-chaussée, le tout baigné d’une musique soul de James Brown à Otis Redding branchée sur la même radio. Mais la surprise était qu’il n’y avait pas de blancs, que des africains.

Mais la loi était anglaise et on respectait la reine Elizabeth. Les quelques  policiers qui circulaient dans leur Land Rover ne réagissaient pas aux moqueries des gamins qui les narguaient ; mais je me souviens de ce procès d’un jeune homme, condamné à la pendaison par un tribunal où les juges avaient des perruques de coton blanc bouclé sur la tête et des grosses gouttes de sueur qui perlaient luisantes sur leur front en prononçant la sentence.

Ce petit pays était en effervescence car il allait être indépendant. Dans les faubourgs de la ville, sur la zone marécageuse, des «boîtes de nuit » regroupaient toute une jeunesse qui faisait la révolution en fumant des joints au son de Sex Machine. C’est là que j’ai rencontré un cubain qui enseignait la technique de faire une arme de poing avec un bout de tuyau, un ressort et une cartouche.

Il fallait provoquer des défilés de rue et lorsqu’on était au contact des forces de l’ordre, on tirait dans le tas. Mais les quelques intéressés par la prise du pouvoir préféraient  finalement succomber à une douce violence. Ce n’était pas des hippies, même s’ils préféraient l’amour à la guerre.

                  The Reporter

Cette ambiance me plaisait et il fallait trouver un moyen d’y rester. J’ai appris par un américain qu’un journal allait se créer ; des investisseurs étranger cherchaient à monter une rédaction avec un photographe de presse. Je me suis présenté. J’ai été embauché à la pige. Dés que le rédacteur en chef me demandait de faire une photo, je savais que j’allais gagner quelques dollars .

Il ne m’a pas laissé le temps de réfléchir quand il m’a proposé de faire une photo difficile, à la sortie du tribunal, d’un individu dont tout le monde connaissait le nom mais personne  ne savait pas à quoi il ressemblait ; il était de très mauvaise réputation et il fallait que «l’affaire » éclate au grand jour.

J’ai fait mon travail avec le sentiment de montrer un méchant nuisible. Mais aujourd’hui en voyant comment ce petit territoire a été morcelé par de grands propriétaires américains du nord, dont certains très célèbres pour leurs films, je me pose des questions .

Et si l’homme en question était un chef politique ou religieux qui pouvait conduire sa  nation  vers un autre destin au moment opportun. En tout cas, pour ceux qui ne lisent pas l'anglais, il m'a dit qu'il me retrouverait; pour me faire la peau?

Photographe du Petit Bleu au The Reporter à Belize- Honduras Brit.
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  • : photographe de presse fut mon premier métier ; avec l'argentique les photos n'étaient pas retouchées. Elles étaient imprimées en noir et blanc comme à la prise de vue, c'était de vrais documents. Aujourd'hui avec le numérique toutes les photos sont retouchées
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